Le matériel : entre utilisation et jeu.
publié le : 8 janvier 2022
Quelles sont les différences notoires entre lorsque vous allez à la piscine aux heures d’ouvertures public et lorsque vous allez aux « bébés nageurs » ?
Pour les adhérents que nous sommes la réponse est assez simple à trouver ! Lors des activités bébés nageurs, l’eau y est chauffée à 32°, le bassin est aménagé et des animateurs sont présents dans l’eau pour y mettre vie !
Le matériel, divers et adapté à toutes les situations est un des piliers de nos activités ; les centres et animateurs ne s’y trompent pas lorsqu’ils organisent ou participent massivement au module de formation qui traite de l’aménagement du bassin.
A quoi sert donc fondamentalement le matériel est une des questions que se posent les animateurs et peut-être vous la posez-vous aussi !
Le matériel aura quatre fonctions :
Stimuler les sens « Regarder les jolies couleurs des canards qui flottent, sentir couler l’eau sur ma main, goutter l’eau dans la flaque qui s’est créée au milieu du ponceau, entendre le clapotis de l’eau mes oreilles immergées alors que je suis couché sur un tapis à trous sont mes activités favorites ! » Etre un bébé nageur c’est avant tout prendre le temps d’éveiller tous ses sens à l’eau !
Etre séparé et pouvoir être autonome dans ses découvertes ou ses déplacements grâce aux nombreuses combinaisons possibles avec les tapis, frites et flèches permettant le pédalage, la marche à quatre pattes ou debout. Permettre à bébé de pouvoir se mouvoir en toute sécurité, c’est accroître son champ de découverte tant motrices que relationnelles. Sur le grand tapis-ponceau, on découvre l’autre, on échange des jouets, on se cache et on se retrouve dans le tunnel. Dans les flèches, on découvre que l’eau porte comme les bras de papa ou maman, et que si on agite les petits pieds on arrive même à rejoindre leurs bras !
Expérimenter. Il n’y a pas qu’un seul chemin pour la découverte ! Observons par exemple de quelles manières les enfants investissent le toboggan : par l’escalier ou par la descente, en montant et descendant plusieurs fois cet escalier. En y faisant descendre le canard en premier, plusieurs fois, sur plusieurs séances avant d’amorcer d’eux-mêmes, leur première descente. Nous, les adultes, souvent un peu « terre à terres » ne voyons qu’une seule fonction aux choses alors qu’elles renferment une multitude de possibilités, et cela nos enfants l’ont bien compris ! Laissons-les découvrir sous nos yeux bienveillants !
Etre en relation : entre les parents et les enfants ou les animateurs et les enfants, entre enfants, entre adultes, nous échangeons des paroles, des histoires, des jeux autour du petit canard qui flotte, de l’arrosoir qui mouille et de la maison flottante qui se balade dans le bassin. Et même que, certains petits pingouins auraient un pouvoir magique : celui d’apaiser les peurs et les pleurs des bébés !
On comprend donc que le matériel mis à disposition dans les bassins va donc, tout comme à la maison, à la crèche, à l’école ou chez nounou, participer au développement sa motricité, sa sensorialité, ses relations avec les autres et son imaginaire. Sauter, glisser, se laisser porter…Transvaser, tirer, secouer…Rencontrer, se cacher, s’opposer…Se hisser, s’accrocher, se propulser…Raconter, coopérer, imaginer…La liste des savoirs faire est longue quand on est un « bébé nageur » et tout ceci grâce à toute cette variété de matériel.
A chaque âge, son activité de prédilection et les animateurs ne s’y trompent pas lorsqu’ils privilégient l’un ou l’autre matériel dans le bassin, ceci afin de permettre à l’enfant de découvrir à son rythme !
Entre six et douze mois, bébé aime sentir tous ses sens en éveil, il aime les couleurs, la musique, il attrape les petits poissons qu’on lui tend pour les porter à la bouche. Ça fait du bien aux gencives ! Il essaye d’attraper l’eau qui coule sur sa main et constate un peu dubitatif qu’elle lui échappe ! Il plonge son nez dans l’eau, goûte, ça pique le nez parfois !
Il se regarde dans le miroir, et cherche à comprendre qui se trouve derrière cette image plane…Il sait se tenir assis sur une surface stable, et se tenir assis sur le ponceau est déjà une sacrée prouesse pour lui ! Il aime se laisser porter et bercer par les bras, le tapis, mais sait être aussi très actif dans une flèche : il pédale, agite les bras et interagit avec papa et maman face à lui.
Dans le bassin, nous réinventons le jeu « coucou-caché » ! Petit doigt qui sort d’un trou de tapis et qui se cache sous l’eau ! Papa s’immerge son visage sous l’eau et réapparaît sous les yeux ébahis de bébé. Les occasions ne manquent pas de jouer dans le bassin de la même manière qu’à la maison !
Entre douze et dix-huit mois, c’est le moment des grandes conquêtes motrices ! Bébé va petit à petit apprendre à ramper, marcher à quatre pattes, se hisser et se tenir debout !
Ils apprécieront donc beaucoup les tapis et ponceaux pour gambader, et les petits jouets seront un prétexte à se déplacer. Qui dit déplacement dit expérimentation et prise de risque ! Bébé se hasardera donc au bord du tapis cherchant à comprendre ce qui se passe au-delà de la limite du tapis. La vigilance est donc de mise, ce qui n’est pas toujours synonyme d’interdiction. En effet, le passage du tapis à l’eau n’est pas interdit aux « bébés nageurs » mais il est accompagné par les adultes ! On assistera donc là aux premières expériences d’immersion qui pour la plupart sont le résultat d’une expérience hasardeuse de bébé, et qui deviendra une vraie activité de prédilection !
Il va parfaire sa navigation, installé dans la flèche et se dirigera tout seul pour aller chercher son jouet préféré : le ballon !
Il commence à tenter de grimper, le toboggan immergé au milieu de l’eau sera un excellent exercice !
C’est aussi le moment des premières grandes phases d’opposition, et bébé veut faire seul, sans les bras de maman ou papa pour le tenir…Bien souvent, il cherche à trouver les limites de son corps. Laissons-les avancer seuls dans le bassin, jusqu’à ce que la main tendue pour prendre appui soit acceptée…
Les animateurs vont donc s’appliquer à multiplier les situations où bébé pourra exercer sa motricité et sa mobilité. Leur vigilance dans le bassin sera entière face aux activités de plus en plus exploratoires de nos petits poissons.
Entre dix-huit et 30 mois, que de progrès faits ! Bébé maîtrise désormais la marche, alors vous pensez bien que courir, sauter, gripper seront l’essentiel de ses activités !
Plein feux sur les ponceaux, maisons flottantes, toboggan et rochers depuis lesquels ils s’élancent à longueur de séance sans jamais se fatiguer ! Les immersions se font dans la verticalité,
D’autres, bien plus intéressés par les acquisitions langagières (certains diront à coup sûr les filles !), privilégieront les interactions et les jeux de manipulations d’eau avec les moulins, les arrosoirs en petites profondeurs.
Ils seront rejoints un peu plus tard par les « grands explorateurs », qui se mettront eux aussi à jouer avec les moulins à eau et les seaux. Certains parents nous interpellent étonnés : « il ne veut plus rien faire, il veut jouer sur les escaliers, au début d’année il faisait des immersions ». sauf que jouer en bord de bassin, ça n’est pas « rien faire » et cette étape de diminution des activités motrices laisse place à d’autres grandes acquisitions telles que le langage ou la maîtrise de la propreté.
Au-delà de 30 mois, les jeux interactifs vont se mettre en place : aller cherche un objet au fond de l’eau, s’amuser sur un parcours où s’alterneront passages au-dessus ou en dessous de l’eau, passage d’un point à l’autre. Le petit dauphin connaît maintenant l’utilité de tout le matériel et ira chercher frites, tapis, pour se mouvoir dans le bassin en autonomie.
On invente des histoires : pirates, crocodiles, sous-marins, trésors, petites sirènes cohabitent dans le bassin.
Tout le matériel a sa place et sa raison d’être dans le bassin à cet âge-là, car il permet de raconter une histoire différente à chacun : les petits bateaux qui émerveillaient les yeux des tout-petits sont le prétexte d’une course de petits bateaux avec les plus grands pour s’exercer à expulser tout l’air qu’on a dans les poumons par exemple…
Paradoxalement, au cours des stages FAAEL « aménagement de l’espace aquatique » une question et un débat s’engage assez régulièrement entre les animateurs : celui de l’expérience d’une séance « sans matériel ». Expérience déconcertante pour ceux qui la vivent, elle n’en est pas moins inintéressante si elle est animée d’une autre manière par les animateurs grâce à des jeux, histoires ou comptines. Car finalement, avec du matériel ou sans, l’essentiel est le plaisir du jeu entre soi et l’autre.