Bébé nageur : proposer des séances de qualité !

Devenue incontournable depuis plusieurs années, l’activité bébé nageur permet d’initier les enfants à l’eau le plus tôt possible. Néanmoins, afin de proposer une activité qualitative pour attirer un maximum de parents, plusieurs préconisations sont à prendre en compte.

En référence à de nombreuses recherches scientifiques sur le bébé et ses compétences d’interaction avec l’environnement, d’être un partenaire actif dans la relation parent -enfant, chaque séance se veut un moment privilégié de découverte des joies de l’eau, dans le respect du rythme de l’enfant, de ses besoins, de ses attentes, en l’absence de toute manipulation. L’activité bébé nageur s’exerce en douceur, sans stress et de manière ludique avec la participation indispensable des parents. De ce fait, il est important de bien la connaître afin de pouvoir l’encadrer et proposer des animations variées, avec du matériel de qualité et parfaitement adapté.

Lors des séances, rien n’est imposé : ni la durée, ni le contenu, certains parents ne souhaitant pas toujours être accompagnés par le maître-nageur. Il est simplement préconisé de leur indiquer les bons gestes à reproduire.

Plusieurs avantages pour les bébés… et les parents

Le premier intérêt est la rencontre avec l’eau dont la température procure à l’enfant des sensations de détente, de bien-être et favorise l’exploration aquatique. L’enfant va découvrir l’élément eau en éprouvant lui-même ses propriétés : résistance, portance, poussée d’Archimède et apesanteur relative. Ces propriétés physiques vont l’amener progressivement à travers diff rentes situations ludiques à adapter sa motricité. Il va ainsi développer des compétences prénatatoires, se créer des appuis lui permettant de maîtriser son équilibre, d’orienter son corps, de découvrir l’immersion en adaptant sa respiration. L’activité lui procure aussi un éveil sensoriel. L’enfant va ainsi développer progressivement son autonomie aquatique et la confiance en soi. “Pour l’enfant, cette approche ludique lui permet de se familiariser avec l’eau, puis de construire son autonomie aquatique. De plus, les séances stimulent les interactions familiales : en effet, ce sont des moments privilégiés, avec une relation intime entre parents et enfant favorisant une nouvelle complicité” argumente Myriam Dupuis, administratrice et formatrice à la Fédération des Activités Aquatiques d’Eveil et de Loisir (FAAEL), pionnière dans la mise en place de l’activité bébé nageur dans les années 70.

Les conditions préalables de mise en place de l’activité bébés nageurs

Selon les établissements, l’activité commence à partir de 6 mois jusqu’à environ 4 ans (l’activité suivante est souvent appelée jardin aquatique ou jardin d’éveil). En France, l’activité bébé nageur est encadrée par la circulaire Périllat. Elle indique notamment “qu’un examen préalable devra être effectué par un médecin afin de délivrer obligatoirement un certificat d’aptitude”. Il est également mentionné que la température de l’eau doit être d’environ 32 °C, en raison de l’imperfection du système de thermorégulation de l’enfant et que l’eau doit subir un double recyclage avant le début d’une séance. C’est pourquoi la majorité des établissements proposent l’activité en début de matinée (souvent le samedi et/ou le dimanche) afin que l’eau renouvelée puisse chauffer. En règle générale, l’activité a lieu dans un bassin ludique de faible profondeur (1,20 à 1,40 m) afin que les parents puissent avoir pied. La durée de la séance est progressive en fonction de l’âge : de 15 à 45 minutes.

Proposée par La Maison de la Piscine, l’objectif de la structure gonflable Bambin’eau est simple : permettre aux enfants à partir de 6 mois d’avoir une pataugeoire dans un grand bassin afin de développer une meilleure interaction parents / enfant.

Proposer des séances adaptées

Il s’agit d’une activité familiale de loisirs dans laquelle les parents sont totalement impliqués et acteurs. Les échanges et la qualité de la relation parents / enfant au cours de la séance sont gages d’une adaptation réussie des bébés nageurs au milieu aquatique. Les MNS sont présents dans le bassin : ils assurent la sécurité et le bien-être des participants, donnent des conseils sur la pratique, peuvent participer aux jeux et accompagnent les familles individuellement. Il est donc primordial qu’ils soient parfaitement formés à cette activité (voir zoom). “L’animateur doit vraiment être force de proposition et connaître parfaitement son sujet, tout en s’adaptant aux souhaits de l’enfant et de ses parents. Il doit pouvoir trouver sa place entre les deux : ne pas être trop absent, ni trop intrusif. Ces activités sont présentes dans la plupart des piscines en France mais un contenu de qualité n’est pas toujours au rendez-vous” prévient Myriam Dupuis. D’après elle, “il n’existe pas de programme d’apprentissage prédéfi mais le respect d’une logique de progression qui se développe sur un rythme variable, d’un bébé à l’autre et d’une famille à l’autre. En fonction de l’âge, du stade de développement et des acquis, diverses actions sont proposées : la prise d’initiative, la recherche d’autonomie, la rencontre avec les autres favorisées grâce à l’aménagement du bassin…”. De même, l’immersion fait partie de l’adaptation et de la “conquête” du milieu aquatique, mais elle s’acquiert progressivement, au rythme de chaque enfant. Généralement, de petits groupes de différentes tranches d’âge sont mis en place, avec des objectifs différents : par exemple la découverte entre 6 et 18 mois, la quête d’autonomie entre 18 mois et 3 ans et l’imaginaire et les parcours aventures pour les 3 ans et plus.

Quels matériels utiliser ?

De manière générale, le jeu et la pédagogie sont au cœur de l’activité afin d’aider le bébé à observer, s’étonner, toucher, éclabousser ou encore manipuler des objets. Pour cela, les gestionnaires de piscine doivent s’équiper de matériels adaptés pour cette activité spécifique : frites, flèches pour la flottaison et favoriser le déplacement. Il est possible de créer des parcours évolutifs avec des tapis de différentes épaisseurs reliés avec des links, des tapis flottants pour gagner en équilibre et divers autres petits jouets : arrosoirs, seau, ballons… De plus, les toboggans, les cages subaquatiques, les jeux lestés (anneaux, arches…) vont favoriser l’immersion. L’ensemble des fournisseurs de matériels commercialisent ce type de produits classiques (Abysse Sport, Aqquatix, Cardi’Eau, La Maison de la Piscine ou encore La Scolaire). En outre, plusieurs d’entre elles proposent des équipements plus spécifiques.
Par exemple, avec l’Aqua Baby Square, Cardi’Eau dispose d’un parcours pédagogique (de 200 x 100 cm) en polyéthylène réticulé, composé d’un radeau, d’une petite piscine et d’une piste de toboggan. Dans cette gamme spécifique , on trouve également l’Aqua Drakkar : un bateau idéal pour les premières immersions, puisque le bébé se trouve au niveau de l’eau sans être immergé, tout en étant en contact avec cette eau qu’il doit apprivoiser.
Quant à La Maison de la Piscine, elle commercialise Bambin’Eau : une structure flottante de 200 x 100 cm permettant aux enfants (à partir de 6 mois) d’avoir une pataugeoire dans un grand bassin. Ce matériel permet de développer une interaction parents / enfant, les enfants se trouvant à la même hauteur que les parents. De plus, c’est un équipement sécurisant car le fond transparent permet de voir sous la structure. Il existe trois kits de décorations différents permettant de créer des univers pour développer l’imaginaire des petits. : l’auto, le monde des animaux et l’îlot flottant.
Au niveau de la fréquence, les centres aquatiques proposent généralement une à deux séances hebdomadaires pour un coût unitaire d’environ 10 euros, avec des réductions pour 10-12 séances, voire des abonnements possibles, principalement au trimestre. En effet, les abonnements annuels ne sont que rarement proposés car, contrairement aux autres activités, la présence régulière toute l’année du bébé est moins facile (maladie, vaccins, températures extérieures trop basses…).

L’objectif est de proposer des séances variées, notamment grâce aux différents matériels utilisables : par exemple, des frites pour apprendre à se tenir, des tapis flottants pour gagner en équilibre ou des parcours pour aller sous l’eau.

Inscription : deux documents indispensables

Lors des inscriptions à l’activité, les gestionnaires doivent demander deux documents aux parents afin d’être en règle :
• une photocopie de la page vaccination du carnet de santé pour confirmer que l’enfant est à jour (deux premières injections du DT Polio et le BCG) ;
• un certificat médical de non-contre-indication à la pratique de l’activité.
Par ailleurs, il est conseillé aux responsables d’établissement de mettre à disposition des familles des fiches d’informations pour les parents afin de répondre aux différentes questions revenant le plus souvent : faut-il faire manger le bébé avant l’activité ? Doivent-ils préparer un goûter pour lui donner juste après la séance ?

Former les éducateurs pour proposer des séances de qualité

Comme souvent, la formation des maîtres-nageurs représente l’une des priorités pour mettre en place un contenu de qualité. Organisme de formation depuis plus de 35 ans, la Fédération des Activités Aquatiques d’Eveil et de Loisir (FAAEL) propose des formations spécifiques pour animer une activité aquatique destinée aux enfants de moins de 3 ans ainsi qu’à ceux entre 3 et 6 ans. “Lors de leur formation initiale, les maîtres-nageurs abordent très peu l’activité bébé nageur. Or, ils doivent impérativement avoir les bons réflexes et le bagage technique pour bien comprendre comment évolue un jeune enfant dans l’eau. De plus, nous les formons aussi à bien utiliser le matériel pour optimiser le contenu des séances” argumente
Myriam Dupuis formatrice à la FAAEL. Les formations de 2 jours (week end) ont lieu le plus souvent au sein de l’établissement du gestionnaire demandeur (cependant des formations à distance sont actuellement possibles) durant lesquelles une partie théorique ainsi qu’une pratique en bassin sont proposées.

Nous, c’est la F.A.A.E.L, mais qu’est ce qui nous différencie des autres ?

Partout en France, dans les bassins publics mais aussi bassins privés fleurissent des activités aquatiques dont la visée n’est autre qu’offrir un moment de détente et de bien être à ceux qui la fréquentent. Bébés nageurs, aquagym douce pour les séniors ou les femmes enceintes, jardin d’eau, l’offre d’activité est large et touche un public qui souhaite pratiquer pour le plaisir et sans aucun objectif de performance.Ce n’est pas un phénomène de mode puisque les activités aquatiques en direction des enfants en particulier ont intéressé les autorités ceci, dès les années 70 avec le programme des 1000 piscines.

A l’époque, l’idée était de favoriser l’apprentissage de la natation, mais les premières études en direction des jeunes enfants portant sur leur adaptation au milieu aquatique démontrent que les apprentissages ne se font que sous certaines conditions : on parle alors d’activité de familiarisation au milieu aquatique.Ainsi, nait en 1982 la FNNP (Fédération Nationale de Natation Préscolaire) qui deviendra en 1993 la F.A.A.E.L. (Fédération des Activités Aquatiques d’Eveil et de Loisirs » : les activités Bébés Nageurs connaissent un véritable essor et l’engouement des parents n’a pas faibli.

A cette époque, les municipalités font place dans les bassins aux associations qui mettent en place ces activités. Ces associations affiliées à la fédération sont animées par des bénévoles qui n’hésitent pas à partir plusieurs jours de l’autre côté de la France pour se former aux activités, se perfectionner et s’enrichir des idées des autres. La FAAEL a toujours été incarnée par ce projet originel qu’est le respect du rythme, du potentiel et de la motivation du pratiquant afin de l’aider à évoluer et à s’épanouir dans le milieu aquatique.Elle forme ses animateurs de manière à garantir de vraies conditions de sécurité, d’accueil et d’encadrement du public, quel qu’il soit : bébés, séniors, femmes enceintes ou personnes porteurs de handicap.

Ainsi, cette expérience forte de presque 40 ans, s’exporte en dehors de nos frontières : Roumanie, l’Ukraine, la Chine, et d’autres encore, la conception de la FAAEL a séduit au travers le monde et la fédération n’a pas hésité à aller à la rencontre et partager sa conception de l’eau. Plusieurs fois, elle a organisé des colloques internationaux et a invité des intervenants du monde entier pour échanger avec l’auditoire. Les idées y fusent, les échanges sont riches et les conceptions évoluent des deux côtés.Aujourd’hui, le savoir-faire FAAEL s’exporte aussi en dehors de nos bassins et associations affiliées puisque la fédération est référencée DATADOCK lui permettant ainsi d’être sollicitée par les collectivités ou organisme de formation des professionnels de l’eau pour parfaire la formation de base et dynamiser les activités loisirs.
Et puis être affilié à la FAAEL c’est aussi avoir la possibilité d’échanger avec des autres centres dans les différents moments qui jalonnent la vie de la fédération : Assises, Assemblées Générales et plus récemment, visio-table ronde inter centres.

La démarche de la FAAEL

De-ci de-là les offres d’activités aquatiques pour jeune enfant sont nombreuses pour ne pas dire pléthoriques. Une sorte de rivalité s’instaurerait même entre toutes ces offres, que ce soit en France ou à l’étranger, que ce soit dans les clubs associatifs ou à vocation commerciale, que ce soit sur des bases de loisirs ou dans des stations balnéaires, en particulier à l’approche ou bien au cours de l’été.

A l’étranger aussi existent différents modèles, différentes approches de l’eau. Ces offres, pour reprendre une formulation à la fois générale et englobante, ont-elles des points communs ou à l’inverse des différences notables ?

A,  y regarder de prés, un et un seul objectif domine : SAVOIR NAGER. Autrement dit, avoir acquis une autonomie dans l’eau, avec pour corollaire (sécuritaire) ne pas se noyer, ne pas se mettre en danger dans l’eau.

Et si ces offres d’activités connaissent, toutes confondues, un tel succès, c’est parce qu’elles trouvent un écho très puissant auprès des parents. Autant un enfant peut chuter ou perdre l’équilibre depuis le sol, sa vie ne sera que rarement en grand danger ! Il pourra soit se relever seul après avoir trébuché, soit être secouru sans risque létal.

A l’inverse une chute dans l’eau peut s’avérer dramatique !

Une fois l’objectif décrypté, il reste à voir les démarches mises en œuvre, autrement dit les démarches et les procédures mises en œuvre pour atteindre un tel objectif.

Deux approches

Aussi surprenantes que paraissent les prestations proposées et les méthodes employées, celles-ci se résument à deux modalités : deux et pas plus !

D’un côté, nous pouvons décrypter dans la gestuelle des parents ou celle des « coachs », (ou dans leurs discours), une série de gestes ou de savoir-faire incontournables, par lesquels l’enfant, tel une feuille blanche, doit impérativement passer. Cela renvoie à la notion de PROGRAMME, préconstruit, suite d’étapes incontournables, à faire exécuter dans un ordre précis par l’enfant, sous la conduite pour ne pas dire la férule de l’adulte. Le jugement peut sembler sévère : les faits sont pourtant là. Programme prescriptif qui « descend » sur l’enfant pour en retour …le faire grandir sous la férule, bienveillante de l’adulte. C’est le cas bien connu des  immersions forcées ou des techniques de retournement dorsal après chute dans l’eau où malgré l’accompagnement adulte ou parental et parfois des sourires subaquatiques, les manipulations forcées attestent de cette prescription.

A l’inverse nous pouvons décrypter dans d’autres approches à travers la gestuelle des parents et celle de leur enfant, une proximité, une complicité, voire une connivence, guidée par la découverte de l’eau et sa familiarisation bienveillante.

Projet de développement

Cela nous renverrait plutôt à la notion de PROJET : se jeter certes vers l’avant, vers un objectif plus ou moins proche, sécuritaire à long terme, mais pas seulement. Se jeter vers…, c’est un projet de développement, et d’acquisitions de compétences nouvelles, en particuliers aquatiques.

La différence est d’importance, ce projet vise à élever depuis l’état où en est l’enfant, à le faire grandir, à son rythme, vers paradoxalement une objectif dont il n’est pas encore conscient, (seuls les adultes peuvent l’être), mais qui prendra forme progressivement, au fil des aventures. Une démarche incertaine, certes mais verticale… ascendante à l’inverse du programme vertical descendant.

L’action volontaire

L’action volontaire fait place à la prescription subie, l’accompagnement remplace la manipulation, et le portage ? Il est plus souvent un soutien qu’un tenu à deux mains.

A la FAAEL, nous avons longtemps parlé de notre « philosophie », comme d’une façon particulière de procéder, s’appuyant sur des liens privilégiés. Peut-être aurions-nous dû depuis longtemps déjà, parler de PROJET versus PROGRAMME, pour affirmer notre spécificité.

Pour les anciens qui comme moi ont connu les premiers congrès internationaux, cette dichotomie (opposition entre deux idées) apparaissait déjà au siècle dernier, au congrès international de Toulouse (1999), entre programme d’apprentissage et projet de développement. On la retrouvait telle quelle au congrès de Paris en 2017, à travers par exemple les bouées autour du cou (avec poignées de portage ou d’extraction), pour les bébés d’un grand pays d’Extrême-Orient.

A la FAAEL, sans doute de mettre clairement en avant cette notion de PROJET, à travers sa démarche et son savoir-faire.

Construire un projet ? Une démarche difficile, une posture délicate acceptant les doutes comme les réussites, les joies comme les refus. Une posture quelquefois inconfortable, ou beaucoup moins confortable que le programme prescriptif.

Pour ma part, j’ai tendance à préférer l’inconfort de la posture au confort de l’imposture !

Bernard HOARAU
Animateur BBPLOUF ST CHAMOND

L’approche de l’eau pour les seniors

Qu’est ce qui se cache derrière ce titre ambigu ?

Les séniors d’aujourd’hui, de 60 à 80 ans environ, n’ont pas eu la chance de pouvoir profiter des bienfaits de l’eau dans leur jeunesse. Il faut dire que, dans les années 60-70, les piscines étaient plutôt rares. Ainsi, à Beauvais, il faut attendre 1964 pour voir une piscine intérieure chauffée apparaître, et encore, elle ne faisait que 6 mètres de large. Elle était, au départ, destinée à l’institution privée du Saint Esprit. Les beauvaisiennes et les beauvaisiens n’ont réellement pu avoir une vraie piscine qu’en 1978. Aussi, peu de jeunes de l’époque ont pu apprendre à nager.

Le résultat est que, ces jeunes d’alors devenus séniors maintenant, ne sont souvent pas très à l’aise dans l’eau.

Ce constat, dressé par des animateurs aquagym, a amené à créer une séance particulière pour ces séniors qui aimeraient être plus à l’aise dans l’eau.

Des seniors plus à l’aise dans l’eau

Ceux qui viennent à ces séances ne sont pas tous au même niveau. Il y a ceux qui ont appris à nager, mais qui n’ont jamais mis la tête dans l’eau et qui nagent uniquement là où ils ont pieds. Il y a ceux qui ont vaguement appris quelques rudiments de brasse et qui barbotent plus qu’ils ne nagent et il y a ceux qui ont réellement peur de l’eau, qui ne se baignent jamais ou presque.

Tous sont des cas particuliers. Il faut les traiter en tant que tels, les prendre individuellement, au moins dans un premier temps, afin de leur faire découvrir progressivement, à leur rythme et dans le respect de leurs individualités, les bienfaits et le plaisir de l’eau.

Amener progressivement ces personnes à mettre la tête dans l’eau et pouvoir ainsi accepter de s’allonger réellement sur le ventre comme sur le dos a permis à un nombre important de séniors de mieux profiter des séances d’aquagym.

Les plus hardis ont même pu découvrir ainsi qu’il existe d’autres nages que la traditionnelle brasse. Ceux-là, une fois qu’ils ont pris confiance en eux et en leur potentiel, osent s’aventurer dans le grand bain, descendre le long de la cage à écureuil et découvrir ainsi la troisième dimension. L’arrêt complet de ces séances pendant 18 mois (de mars 2020 à septembre 2021) n’a pas empêché cette demande de continuer d’exister.

Aussi c’est avec soulagement que nous avons repris nos séances d’approche de l’eau dès la mi-septembre et nous espérons pouvoir continuer de le faire tout au long de cette nouvelle saison, si le Covid le veut bien !

Jacques NICOLAS

Importance du matériel

Voilà une question en débat depuis fort longtemps, une question qui n’est toujours pas tranchée. A travers cette réflexion, apportons une pierre de plus à l’édifice.
Historiquement tous les matériels aquatiques inventés, puis perfectionnés, ont eu trois fonctions :
– soit une aide à la sustentation
-soit une aide à la propulsion
– soit une aide à l’immersion, avec pour finalité : se maintenir en vie dans un milieu qualifié d’hostile.
Les gravures anciennes, voire les mosaïques colorées illustrent des matériels qui aujourd’hui peuvent nous paraître basiques. Les quelques photos anciennes de la fin du XIXème ou début du XXème siècle, montrent des dispositifs qui nous paraissent austères pour certains, ou être la simple reproduction de ce qui existe sur terre (suspension, manège, flotteurs en bois ou en liège).


De nos jours les fonctions sont les mêmes et seules les couleurs et la matière ont changé. En particulier la mousse a remplacé le liège ou le bois, pour son pouvoir chaleureux incontestable.
La question reste posée : le matériel a-t-il son importance ?
Assurément, oui. Encore reste-t-il à en préciser son usage !


Tout matériel peut être considéré comme une aide, un soutien, voire un étayage momentané, dont on pourra se libérer complètement ou partiellement, ou bien au contraire qui permettra d’accroitre les capacités motrices. A titre d’exemple, tout flotteur permet momentanément de se maintenir en surface…, le temps de maîtriser une nouvelle motricité aquatique. Une fois celle-ci acquise, on pourra alors s’en libérer. Tout flotteur peut aussi permettre d’aller plus loin, plus longtemps ; on peut alors l’incorporer à sa motricité.
La même analyse serait possible pour tant d’autres matériels.


Pour le jeune enfant, tout comme pour ses parents qui l’accompagnent, comment pourrait-il en être autrement ? Et l’on constate même depuis quelques décennies que le matériel semble envahir les bassins, leur conférant un aspect coloré et ludique, au grand dam de puristes pour lesquels l’eau « serait en quelque sorte polluée » par cette profusion. Accordons-leur que tout excès d’artificialisation des bassins doit en effet nous interroger ; mais peut-on pour autant défendre l’idée d’une pureté originelle de l’eau, indemne de toute trace de matériel ?


Au-delà des couleurs chatoyantes, ces dispositifs matériels ou ces matériels eux-mêmes constituent également des circuits ou un système de balisage, qui peuvent stimuler ou guider l’activité du jeune enfant, encore dans l’incapacité de « mentaliser » de nouveaux repères dans l’eau. L’eau des bassins, n’est après tout qu’un fluide en tout point semblable.


A ce titre, le matériel en tant que concrétisation de points de repères dans un milieu fluide, a un énorme pouvoir de structuration de l’espace, qu’il balise, et dont il permet l’appréhension. La grande diversité de matériels, reflet également de l’inventivité humaine, pour ne pas dire de son génie, en tant que support permettant de jouer, (reproduction de petits objets), de se propulser (petites ou moyennes palmes), de voir sous l’eau (lunettes, masques), de flotter (frites, tapis, etc.), cette grande diversité autorise nombre d’expériences et d’aventures motrices, développant de nouveaux pouvoirs d’agir, base d’une activité mentale insoupçonnée.


A titre d’illustration dans un domaine totalement étranger à l’eau, je mentionnerai l’observation faite par Maria MONTESSORI, il y a déjà longtemps : elle avait repéré des enfants, qualifiés d’arriérés, jouant avec des miettes de pain à même le sol. Déjà avait-elle décelé chez ces enfants une intense activité mentale !
Il reste un matériel très particulier que je souhaite évoquer pour conclure. Un matériel à la fois chaleureux, enveloppant, « lovant », si l’on ose un tel néologisme… un matériel auquel je renvoie tous les parents, quelques soient les séances, comme je l’ai déjà évoqué dans un article précédent (Cheek to cheek).


Soucieux de bien faire, nombre de parents arrivés au bord du bassin, se précipitent, pour leur enfant, sur des frites ou des brassards-rondelles, oubliant un peu vite que « leurs bras », constituent le premier des matériels. Je devrais préciser leurs bras… et leurs jambes ; ce sont eux qui portent leur bébé ou leur jeune enfant, se déplacent dans l’eau d’un espace à l’autre, d’une expérience à l’autre.
Ce « peau contre peau », témoignage de complicité, mais paradoxalement de …l’inutilité du matériel (artificiel), demeure pourtant prometteur. C’est grâce à ce point d’appui…, humain, que l’enfant pourra exercer sa motricité vers d’autres matériels, s’affranchir de ce lien, pour prendre appui sur d’autres matériels et continuer…, sa découverte du monde.


Très récemment, j’ai pu être le témoin de deux moments forts de cet attachement au matériel… parental et de son émancipation… à proximité des parents :
– Lana, une petite fille d’environ 5 ans, déjà très à l’aise sous l’eau, avec ses petites lunettes, accepte pour faire comme son grand frère Raphaël, de prendre des palmes de son âge. Elle sait taper des pieds, en apnée. Chacun peut alors imaginer la propulsion démultipliée qui lui permet de traverser le bassin jusqu’au rocher immergé puis de-là jusqu’au ponceau. Les palmes, avec leur pouvoir amplificateur, les lunettes qui permettent de voir sous l’eau, un cocktail que Lana n’aura pas tardé à maîtriser !, sous le regard relativement éloigné de ses parents.
– Noé, un petit bonhomme d’un peu plus de deux ans, flotte seul avec sa frite. Mais ce qui l’intéresse, c’est une frite plus volumineuse. Appuyé sur la première et poussant la seconde avec l’aide d’un animateur, il ira « percuter » son papa, complice qui basculera dans l’eau pour aussitôt se relever et recommencer plusieurs fois (aspect autotélique du jeu).
Deux exemples parmi tant d’autres : le matériel c’est du concret, qui rend possible, l’imaginable.

Bernard HOARAU, Animateur BBPLOUF St Chamond

Posture de l’animateur

Pour la découverte d’une nouvelle activité d’une manière générale, on fait appel à un instructeur, moniteur, encadrant etc…
Pour l’activité Bébé Nageur c’est identique, on demande conseil auprès d’un animateur. C’est lui qui sait.
C’est lui qui par ses compétences, son expérience, ses connaissances va faciliter la découverte d’un nouveau milieu au tout petit.
Les seuls acteurs de l’activité sont les parents et l’enfant.

L’animateur n’interviendra jamais directement sur l’enfant mais fera part de ses remarques ou conseils aux parents. La manipulation est réservée aux parents.
Ils ont une place spécifique dans la découverte d’un nouveau milieu. L’eau est à la fois hostile et apaisante. Ce nouvel environnement va générer un relationnel particulier qui produira un lien privilégié dans le relationnel parents-enfant.
Contrairement à la découverte personnelle et spontanée de l’appropriation de nouvelles acquisitions tels que le « Ramping », le « Grasping », le réflexe natatoire, etc.…l’évolution dans le milieu aquatique ne peut se faire qu’avec l’aide des parents.

C’est pour cette raison que les parents doivent être mis en confiance et c’est là que le rôle de l’animateur prend tout son sens.
Les craintes envers cet environnement inhabituel sont complètement légitimes ; si pour certaines personnes la connaissance du milieu aquatique est acquise, il n’en est pas de même pour d’autres.
Une fois que ces appréhensions auront disparu les parents pourront évoluer d’une manière plus sereine et efficace vis à vis de leur enfant.
Le fait d’évoluer en confiance aura un impact direct sur le développement psychomoteur du tout petit.
Ce sont les parents qui font évoluer et dirigent l’activité.

L’animateur doit savoir se mettre en retrait de l’activité. Ce sont les parents et l’enfant qui « font » l’activité sous le regard averti et bienveillant de l’animateur.
Contrairement à un relationnel enfant enseignant qui apporte des connaissances et des résultats quasi immédiats, dans le cas des bébés nageurs les résultats ne seront pas directement dû à l’animateur ce qui peut être un peu frustrant pour celui-ci.

Chacun reste à sa place dans cette activité afin que les acteurs principaux soient les parents et les enfants.

                              Pierre LISIACK

Complicité familiale

Une séance presque ordinaire avant que tout ne se dérègle… Tout commençait par l’installation de la salle du goûter pour les enfants, du café pour les parents, mais aussi de la lecture pour petits et grands. Six grands casiers remplis de livres, avec pour seul fil conducteur : l’eau ! Des livres pour tous les âges que chaque enfant peut lire sur place ou emprunter. Hélas pour quelques temps encore cette convivialité post baignade est suspendue. A l’issue de la baignade deux mamans jouaient de la souris et de l’ordi. Pour enregistrer les emprunts.

Ce matin-là une autre maman s’était inscrite pour la co-installation ; Une procédure participative pour chaque famille s’investisse davantage.
Les animatrices et animateurs rejoignaient alors le vestiaire puis le bord du bassin, enclenchant la transformation du bassin. Un rituel bien rôdé où chaque espace est bien délimité, chaque matériel à sa place : une partie fixe et un ensemble d’éléments mobiles dont les familles peuvent disposer à leur gré. Certains enfants nous aident, avec leurs parents ; d’autres choisissent leurs jouets, ou s’équipent pour une immersion ultérieure. Les tapis à langer sont installés, dans un sens bien précis , pour permettre aux parents de s’assoir. C’est le moment de l’accueil et du change des bébés.

Les plus grands sont déjà dans l’eau, ou bien sur le ponceau ou le bigliss, les frites ou encore le crocodile, sous le regard bienveillant de parents confiants. D’autre sont déjà à la recherche de trésors cachés… aux marches ! Quelques sollicitations pour encourager tel enfant qui veut plonger, mais qui n’arrive pas à rester immergé, ou pour d’autres qui engagent une course poursuite sur le ponceau.

Quelques minutes encore pour une « toute petite fille » sagement assise dans une coquille, à qui on propose un tour de manège, histoire de jouer à cache-cache avec son papa. Et peu après un clin d’œil à une maman, confortablement installée avec ses deux filles, dans un tapis-fauteuil aquatique.
Non loin de-là, deux parents « version tenaille », qui serrent fermement les mains de leur petit garçon qui ne demande qu’à courir sur le ponceau ; le fameux rêve de l’homme : marcher sur l’eau ! Sur « injonction » de l’animateur pour libérer les petites menottes, ces parents découvriront un enfant qui gambade avant de se jeter dans leurs bras. Nous serions tentés de leur dire « Libérez les bébés, ils savent où ils vont, mais soyez prêts à accueillir leurs exploits.

Pendant ce temps d’autres animatrices accueillent d’autres parents. A quoi reconnait-on les nouveaux ? Pas vraiment complices, mais plutôt « collé-serrés », avec un bras sur le ventre de l’enfant pour prévenir toute chute vers l’avant.
Peu à peu, conseillés, guidés par les animatrices, chacun se détendra et se laissera flotter au gré des espaces. La complicité cédera la place à l’inquiétude. « ça a super bien marché diront les animatrices, en fin de séance ». Mission accomplie, parents conquis.

Une autre maman, deuxième séance souhaite faire des photos « dans l’eau ». En animateurs complices, nous lui répondons : « Sur l’eau, dans l’eau ou vraiment sous l’eau ? » Sa petite fille n’a que six mois et nous voyons le visage de sa maman se transformer ! « Peut-être pas dans l’eau, …, je veux dire sur l‘eau ». Toujours complices les deux animateurs enfoncent le clou : « Même sous l’eau, on n’en a jamais perdu… ». « D’ailleurs nous avons deux appareils-photo, un pour les bébés sous l’eau et un pour immortaliser la tête des parents au même moment ! » Le sourire de la maman est pincé. Vient alors le temps des explications sur les mécanismes de l’immersion.

La théorie c’est beau, mais il s’agit quand même de son enfant. C’est donc une autre grande fille de 3 ans qui acceptera en tenant la main de sa maman l’immersion-démonstration, avant que jeune maman ne s’y prête à son tour avec sa petite fille. Nous en reparlerons plutard dans la salle du goûter.
D’autres enfants quant à eux naviguent à califourchon sur le dos d’un crocodile, poussé par leurs parents : domination symbolique d’un monde imaginaire.

D’autres parents enfin jouent les parents « saucisson ». Ils la serrent tant et plus cette petite qui ne demande qu’à se laisser bercer. Quel dilemme : accompagner sans contraindre, soutenir sans enfermer, en somme aider à faire tout seul, sans faire à la place de…

Autant d’événements de séance où nous observons, conseillons, sollicitons, avec fermeté parfois, sur le ton de l’humour à d’autres moments, mais à chaque fois avec bienveillance afin d’encourager la complicité entre parents et enfants.
Autant d’événements que nous pouvions revisiter dans la salle du goûter.
Ah j’oubliais : le rangement. Tout le monde s’y met, sauf les grands qui s’offrent leurs tours de grands toboggans, avant que l’eau du bassin vidé de tous ces aménagements ne retrouve sa triste platitude.

La FAAEL et son savoir faire – La place des parents

Les premiers contacts avec la piscine et leur bébé n’est pas toujours aisés pour un parent. Tant de questions se posent et se bousculent dans leur tête, surtout avec leur premier « bébé nageur »
Quel est le meilleur moment pour démarrer l’adaptation au milieu aquatique. Quels sont les vaccins obligatoires ? Quelle « tenue » lui mettre. Couche ou pas couche spéciale piscine. Présence d’un ou de deux parents. Faut-il une douche avant et après la séance. Comment mon bébé va réagir devant cette immensité. Aura-t-il assez chaud, aura-t-il des craintes vis-à-vis du milieu aquatique ; des autres parents, voire des autres enfants. Va-t-il aimer ce milieu. Comment porter mon bébé. Ai-je pied dans le bassin. Dois-je le porter tout contre moi ou me détacher et d’emblée lui proposer le matériel flottant. Serais-je compétent pour lui faire découvrir ce milieu. J’ai un peu peur de ne pas y arriver. Je crains aussi le regard des autres parents. Si je ne sais pas faire, dois-je confier mon bébé aux animateurs (trices) ?

Pour la philosophie Faael, c’est le parent qui est le sachant. C’est lui qui connait le mieux son bébé, ses réactions, ses mimiques, ses expressions, son langage corporel. L’animateur (trice) joue un rôle d’accompagnement dans les premiers pas aquatique du couple parent/enfant. Cet accompagnement démarre bien avant la première séance. Le premier contact est primordial pour l’enfant et son parent. Être bien accueilli par un mot gentil, être attendus, être rassurés déterminent souvent l’évolution des rapports entre les adultes dans cette aventure aquatique.

Par exemple, lors d’un contact téléphonique ou à l’arrivée à la piscine et se décline par différents niveaux d’explications et de conseils afin de rassurer le parent sur sa capacité à accompagner son enfant dans la découverte du milieu aquatique. Toujours dans le respect du rythme de l’enfant, c’est le parent qui est à même à s’occuper de son enfant et lui proposer des activités adaptées à son âge et à ses possibilités motrices.
Le parent, rassuré et en confiance peut librement profitez du bonheur de cette douce parenthèse, de vivre un moment de partage très fort émotionnellement avec son enfant partager cette expérience aquatique, et être au plus près de son enfant.
Respect, écoute et accompagnement du couple enfant/parent.

Le conte …

         Océane

Je m’appelle « Océane », Quel drôle de prénom. C’est mon grand-père qui l’a choisi, il était marin. J’adore quand il me raconte des histoires. J’aime m’endormir en écoutant le bruit de la mer, même si je l’ai jamais vue., car la mer est très loin de mon village. Le son que j’entends en m’endormant, c’est le bruit du gros coquillage que grand-père m’a offert pour mes 4 ans, et, qui est posé sur ma table de nuit.Je ferme les yeux, je pose mon oreille sur la partie nacrée, j’écoute le souffle du vent, j’imagine le va et vient des vagues.Je crois que l’océan est plus grand que la prairie et a beaucoup plus d’eau que le fleuve qui traverse la vallée. Ce que je désire le plus, c’est d’aller voir la mer. « Grand-père, tu m’emmèneras un jour voir la mer ?» « Oui, Océane, un jour, quand tu seras plus grande, nous descendrons la corniche escarpée, non seulement, tu pourras la voir mais tu pourras t’y baigner ! »

Je suis heureuse car les grands-pères tiennent toujours leurs promesses.